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10 mars 2014 1 10 /03 /mars /2014 10:15

 

« L’idée de l’Europe est incontestée, mais l’idée est devenue l’administration et les gens prennent l’administration pour l’idée ». Wim Wenders

L’Europe est comme ces conjoints dont on a divorcé, on ne voit que leurs défauts, on les déteste avec d’autant plus de force qu’on a espéré autrefois les aimer toute la vie. On finit par oublier qu’un jour on a été séduit et passionné.

Parfois il faudrait avoir la sagesse de comparer pour se rassurer. Comparer avec avant (Existe-t-il un continent où plus de sang a coulé que sur le nôtre ? L’Asie ?) Comparer avec ailleurs. Ailleurs, où lorsque les peuples n’en peuvent plus de vivre ensemble, les séparations se passent très mal. L’Afrique regorge d’exemples. L’éclatement de la Yougoslavie (pas dans l’Europe politique) n’est pas si vieux. Les différents entre Ukrainiens de l’Est et de l’Ouest ne sont pas partis pour se régler pacifiquement.

Alors oui, le grand espace économique n’est vraiment pas ce dont on aurait pu rêver au début de la construction. Chassé par la porte d’un référendum français, il est revenu en catimini par la fenêtre. On voudrait une puissance qui pèse au niveau international, on n’a que des Etats égoïstes qui se concurrencent à coup de dumping fiscal. On voudrait un progrès social commun, des lois qui tirent les peuples vers le haut, vers un meilleur partage des richesses, on n’a que des boutiquiers qui règlementent le diamètre des saucisses, mais refusent que la provenance de la viande qui les compose figure sur les étiquettes. On voudrait de grands leaders charismatiques et inspirés issus d’un parlement doté de vrais pouvoirs, on n’a que de ternes apparatchiks sécrétés par une bureaucratie opaque.

Alors la tentation est grande de revenir en arrière. « C’était mieux avant », à l’époque du franc dévaluable à merci, des douaniers sur les frontières, de la souveraineté nationale et des curés en soutane et béret basque. Quand on n’avait pas de chômage et qu’on se sentait chez nous. C’est un peu ce que désirent les Suisses (du moins une partie d’entre eux), des Suisses qui inspirent toute l’extrême droite européenne, des Suisses qui pourraient s’exclamer « Charbonnier est maître chez lui », à la manière d’un Jean-Marie Le Pen. Sauf que le monde a changé, et que la flèche du temps fait que l’Histoire ne revient jamais en arrière.

Je préfère rester dans cette Europe imparfaite, si impitoyable avec ses travailleurs considérés comme des variables d’ajustement et que les entreprises craignent toujours de payer trop cher, si accommodante avec ses banques et ses fraudeurs, si désespérément pusillanime chaque fois qu’une crise internationale se profile à l’horizon. Améliorons la, changeons la plutôt que de la briser en morceaux. Parce que même s’il existe en son sein des Flamands qui rêvent de se séparer des Wallons, des Ecossais fatigués d’être des citoyens britanniques et des Basques qui ne se sentent ni Français ni Espagnols,  les divorces qui pourraient avoir lieu ont plus de chance de se faire à la tchécoslovaque plutôt qu’à la yougoslave ; à l’amiable ; sans effusion de sang. L’Europe nous a apporté au moins cela, et cela n’a pas de prix.    

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25 janvier 2014 6 25 /01 /janvier /2014 16:06

On est en droit d’imaginer que dans une société démocratique et moderne, nul ne remette en cause le principe suivant : Toute personne majeure, saine d’esprit et non soumise à des contraintes imposées par une condamnation, est libre de disposer de son corps comme elle l’entend.

Pourtant, à travers trois polémiques récentes, il apparait que ce principe est très loin d’être admis par tous. Des politiques se sont exprimés, des manifestants ont défilé, des juges ont délibéré. Chaque fois, il était question d’Eros et Thanatos, l’amour et la mort, ce qui concerne au plus près l’être, l’individu, le corps. Il en ressort que pour une part (bien trop) importante de notre société, le corps et son usage n’appartiennent pas à l’individu, mais que les autres ont un droit de regard sur certaines décisions le concernant. Pour des raisons morales sans doute, religieuses parfois ; en tous cas pour des motivations qui me semblent rétrogrades, archaïques, pour ne pas dire primitives.

Premier acte : la loi sur le mariage pour tous a donné lieu à une réaction assez hallucinante, avec propos d’hommes politiques que l’on aurait pu croire impossibles dans la France du 21ème siècle, défilés de familles au grand complet, bardées de poussettes et de gamins pré-pubères, éructations homophobes d’une incroyable violence de certaines personnes vers qui se tendaient les micros. Il en ressortait que les homosexuels devaient au mieux se contenter de droits concernant le couple aménagés et différents de ceux des hétérosexuels, au pire raser les murs et s’efforcer de dissimuler leur orientation sexuelle (en creusant bien, je dirais même : au pire, se faire soigner ou ne même pas exister) Conclusion, en matière d’amour, nombreux sont ceux qui pensent encore que des individus majeurs ne devraient pas posséder une liberté totale de l’usage de leur corps, puisque si cette liberté est exercée d’une certaine manière, elle est considérée comme, au choix, immorale, contre nature, pathologique ou déviante.  

Deuxième acte : la modification (minime) de la loi sur l’avortement. Là encore, certains politiques ont tenté d’obtenir une régression, et les lobbies « pro-life » se sont fait entendre. Preuve qu’il serait bien naïf de considérer cette avancée vieille de quarante comme définitivement acquise. Si le gouvernement espagnol est tout disposé à revenir en la matière à l’époque du franquisme, pourquoi certains ne rêveraient-ils pas de revenir en France à l’époque du pétainisme (pendant laquelle fut appliquée pour la dernière fois la peine de mort à une femme, coupable de pratiquer des avortements) Là encore, il s’agit de s’opposer à la liberté de disposer de son corps. Dès lors qu’elle est fécondée, l’utérus d’une femme ne lui appartiendrait plus. Là encore, la société, au nom de la morale, de la religion, de la nécessité de procréer, aurait son mot à dire.

Troisième acte : le maintien en vie, par décision de justice, contre l’avis de ses médecins, et contre son propre choix clairement exprimé lorsqu’il était en état de le faire, d’un homme depuis longtemps plongé dans le coma. Dans ce cas également, est refusée à un individu la liberté de disposer de son propre corps. En matière de fin de vie, les forces qui s’opposent à cette liberté me paraissent particulièrement puissantes. Beaucoup de médecins voient dans l’euthanasie une violation de leur serment d’Hippocrate, un problème moral qui les conduit à une épouvantable tartufferie consistant à laisser agoniser celui ou celle qu’ils ne peuvent sauver pour éviter de provoquer eux-mêmes la mort. Mais le premier principe de la médecine est « primum non nocere », d’abord ne pas nuire. Est-il pire manière de nuire à un patient incurable que de lui refuser la fin rapide qu’il aurait lui-même choisie ? Lorsqu’un médecin n’a pas le pouvoir de guérir, ne devrait-il pas offrir une mort, non pas digne (J’ai entendu Luc Ferry se révulser contre le terme « mourir dans la dignité », alors évitons ce mot) mais sans agonie interminable ? La liberté de disposer de son corps ne devrait-elle pas s’étendre à la liberté d’éviter à ce corps une phase pendant laquelle il n’est plus pour l’individu qu’une source de souffrance ? Et puis, bien sûr, il y a le principe religieux, ce terrifiant archaïsme judéo-chrétien encore très présent consistant à croire que seul Dieu doit décider de l’instant de la mort. Que les croyants se l’appliquent à eux-mêmes, et laissent les autres choisir.

Chacun, lorsqu’il en a la possibilité, doit avoir la liberté de disposer de son propre corps pour aimer et pour mourir ainsi qu’il le souhaite.

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30 décembre 2013 1 30 /12 /décembre /2013 20:09

Dieudonné, défini comme humoriste (il l’était il y a une vingtaine d’années, indubitablement), nous amène à nous interroger sur la liberté d’expression. Lorsque j’écris nous, cela implique que je commence par m’interroger moi-même. Il y a quelques temps, je me suis embarqué dans une polémique Face Book (exercice que j’évite généralement) pour défendre le droit d’expression de Charlie Hebdo à se moquer des religions. Certains contradicteurs pensaient déceler au sein de ce journal un « racisme anti-musulman », ce qui n’est pas mon opinion. Même si je n’apprécie pas toujours les manières de Charlie Hebdo, je me suis escrimé à expliquer leur droit à pourfendre (toutes) les religions au nom de la laïcité. D’où mon questionnement actuel : pourquoi suis-je attaché à la liberté d’un journal comme Charlie, et suis-je révulsé par « l’humour » de Dieudonné ? Est-ce que je ne réagis pas comme tous ceux qui aiment la liberté d’expression lorsqu’elle va dans le sens de leurs idées, et veulent lui imposer des limitations dans le cas contraire ?

La première réponse, c’est qu’il est acceptable de lutter, de débattre, de vilipender, de se moquer, lorsqu’on se trouve dans le champ des idées (donc des croyances) et des actes. On doit être libre de s’exprimer pour s’en prendre à ce que d’autres font, déclarent, professent. Il n’en va pas de même lorsqu’il s’agit de s’en prendre à d’autres pour ce qu’ils sont. C’est à cet endroit que passe la ligne qui sépare la liberté d’expression et l’incitation à la haine raciale. Notons qu’en règle générale, ceux qui sont victimes du racisme sont définis par leurs bourreaux. Ils n’ont pas la bonne appartenance. Ils sont intégrés, à leur corps défendant, dans un groupe plus ou moins vaste, et on leur prête, quoiqu’ils fassent ou disent, des sentiments et des actes caractéristiques de l’ensemble des individus formant ce groupe. Litanie interminable : « Vous les Noirs, vous les Arabes, vous les Chinois, vous les Tutsis, etc, etc… » Bien entendu on en arrive à ce qui pose problème dans le cas de Dieudonné et de ses propos : « Vous les Juifs ». Ce qui caractérise l’antisémitisme, c’est qu’il ne se préoccupe guère (ou seulement lorsque ça l’arrange dans ses démonstrations bancales) du dogme religieux. Il ne s’attaque pas à des individus pour ce qu’ils croient et déclarent, mais bel et bien pour ce qu’ils sont. Les nazis définissaient une « race juive », et déterminaient qui appartenait à cette race en étudiant sa généalogie. Les antisémites actuels se contentent d’un nom, et ne se donnent pas la peine de savoir si celui qui porte ce nom est croyant ou athée, conservateur ou progressiste, belliqueux ou pacifiste. Il est juif, et cela leur suffit.

La deuxième réponse, c’est qu’il existe des faits, historiques et scientifiques, des faits qui ne relèvent pas du débat. Je sais bien que pour les créationnistes l’évolution des espèces n’est qu’une opinion, mais à ce compte-là nous pourrions ranger dans la catégorie des opinions la révolution de la Terre autour du soleil et l’expansion de l’univers. Ainsi que l’existence des chambres à gaz et des camps de concentration. Ce que font les négationnistes que se plaît à fréquenter Dieudonné. Contester des faits avérés ne relève pas de la liberté d’expression, mais de l’obscurantisme. Et lorsque cet obscurantisme nourrit des thèses racistes, il n’est plus seulement risible ou pathétique, il est dangereux.

Interdire les spectacles de Dieudonné me semble stupide, légalement discutable, et totalement contre-productif. Cela ne ferait que renforcer sa position de victime d’un « système » (quel système ? Le complot juif mondial ? Celui qui est issu du « Protocole des sages de Sion » ?) Il est préférable d’expliquer lorsque c’est possible (face à certains interlocuteurs,  c’est plutôt ardu) et d’éduquer. En ce qui concerne Dieudonné, je ne parviens toujours pas à comprendre comment quelqu’un qui a été lui-même victime du racisme en arrive à appliquer à d’autres les recettes nauséeuses dont il a fait les frais. Sans doute la haine est-elle une plante plus facile à faire pousser que la compassion. Et un sentiment plus rassembleur que la fraternité. Hitler voulait bien s’appuyer sur le grand mufti de Jérusalem, à qui un commun antisémitisme virulent le liait. Leur haine partagée (deux adeptes de la solution finale) était si forte que le führer avait réussi à oublier que la pureté raciale du grand mufti ne correspondait pas forcément aux exigences nazies. Il en était même venu à s’esbaudir devant ses caractères aryens et lui prêtait une généalogie remontant aux Romains. J’imagine que le grand mufti ne se préoccupait pas, de son côté, de la délirante hiérarchie raciale mise au point par Hitler. Etranges accommodements avec la réalité. 

Cela explique sans doute que l’on puisse aujourd’hui chanter « Shoah nanas », parler de pornographie mémorielle à propos de l’holocauste, faire applaudir un écrivain négationniste, et oublier que ceux qui conçurent et firent fonctionner les camps de concentration ne considéraient pas les Noirs comme des êtres humains. Ils y déportèrent vingt mille Africains issus des colonies allemandes ; et tous les « bâtards de Rhénanie », enfants d’Allemandes et de tirailleurs sénégalais des troupes d’occupation françaises installées en Rhénanie après la première guerre mondiale. Dieudonné devrait songer qu’il salit aussi la mémoire de ces hommes lorsqu’il fait de l’humour à propos des camps d’extermination. Mais sans doute sa haine des Juifs est-elle plus forte que tout.

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13 novembre 2013 3 13 /11 /novembre /2013 16:01

Notre époque  est à l’abolition des complexes. Par complexes, entendez  réserve, scrupules,  pudeur, modération. Les mots ont une importance bien plus grande que celle qu’on leur prête en général. Etre scrupuleux, pudique et modéré, c’est bien ; être pinailleur, pudibond et pusillanime, c’est ridicule. Les sociétés ont une forte tendance à passer d’un extrême à l’autre sans s’arrêter bien longtemps au point d’équilibre (de la barbarie à la décadence sans passer par la case civilisation, pour citer une formule connue d’un auteur inconnu à propos des Etats-Unis, Clémenceau, Wilde, Karr ou Shaw) Sans doute étions-nous un peu coincés avant mai 1968, sous le règne du général et de tante Yvonne. Maintenant nous sommes décomplexés. Des crétins enfermés sous l’œil de caméras exposent à l’œil des téléspectateurs une palette de comportements qu’ils seraient bien avisés de garder secrets. D’autres se livrent devant des présentateurs faussement offusqués au déballage de leur intimité conjugale, qui a priori ne devrait intéresser personne, mais j’ai tort, cela intéresse beaucoup de monde, les chiffres d’audience sont là pour le montrer. Les politiques et les journalistes se plient à la mode. Foin des complexes ; des inhibitions ; des freins.

En matière politique, nous avons eu la droite décomplexée. Celle qui dit que l’argent, ça n’est pas mal. Là-dessus, une majorité de citoyens sera d’accord, l’argent, ça n’est pas mal. Ce qui peut être mal, c’est la manière dont on l’a obtenu. Mais ce n’est pas le sujet du jour.

Maintenant, nous avons également l’extrême-droite décomplexée. Une personne qui brigue un mandat d’élu s’amuse à diffuser sur les réseaux sociaux des photos mettant en parallèle un singe et une ministre de la République, ministre qu’elle invite bruyamment à s’installer dans les branches d’un arbre, là où est sa place. Une jeune fille rebondit sur cette saillie pour proposer une banane à cette même ministre, « la guenon ». Les insultes ne disent rien sur ceux qui en sont victimes, énormément sur ceux qui les profèrent. En ce qui me concerne, ce qu’elles m’apprennent m’incite plutôt à la pitié, parce qu’il est pitoyable, profondément pitoyable pour un être humain d’être capable d’exprimer de cette manière ses sentiments pour autrui. Là où je ne ressens guère de pitié, c’est lorsqu’un journal utilise à son tour ces « plaisanteries » pour titrer sur le portrait de la ministre en question, Mme Christiane Taubira, et en remet une couche en utilisant à son tour les mots « singe » et « banane ».

Ce que je ressens, c’est une colère considérable. J’ai revu celle de Robert Badinter, filmé à une commémoration de l’Holocauste pendant laquelle François Mitterrand s’était fait huer par une partie du public. Ses paroles à la tribune, j’ai envie de les redire, dans un contexte différent, mais où des valeurs fondamentales pour notre société sont également en jeu :

« Vous m’avez fait honte ! Vous m’avez fait honte ! Il y a des moments où les morts nous écoutent ! »

A moi aussi ces gens me font honte. Ils me font honte, et je crois que tous ceux à qui ils font honte devraient le dire à Mme Taubira. Il ne s’agit pas de son appartenance politique, de son action au gouvernement. Il s’agit d’autre chose, de quelque chose de très grave, de quelque chose à propos duquel les morts nous écoutent. Pour ceux qui ne comprennent pas quel rapport il existe entre ces minables insultes renvoyant une partie de nos frères et sœurs à la condition de singe, et le cri de colère de Robert Badinter lors d’une commémoration du génocide des Juifs, je vais juste leur rafraîchir la mémoire avec cet extrait du journal « Je suis partout » :

« Quel tribunal oserait nous condamner si nous dénonçons l'envahissement extraordinaire de Paris et de la France par les singes ?… On va au théâtre ? La salle est remplie de singes… Dans l'autobus, dans le métro ? Des singes… En province, dans les marchés, les foires, des stands entiers sont occupés par des singes, avec un grand fracas de casseroles en solde et d'étoffes prises à des faillites… Les guenons qui les accompagnent ont chapardé des fourrures, des colliers de perles, et elles minaudent d'une manière presque humaine… Ce que nous appellerons l'antisimiétisme (veuillez bien lire, je vous prie) devient, chaque jour, une nécessité plus urgente… »

Je suis Partout, 31 mars 1939 (Robert Brasillach)

Il a fallu que des millions d’hommes, de femmes et d’enfants soient massacrés parce qu’ils étaient Juifs, pour que l’on comprenne que ce genre de prose n’était pas tolérable. Je ne suis pas naïf au point de croire que la connerie raciste et antisémite va s’éteindre dans l’esprit des humains. Je veux juste que les racistes et les antisémites nous foutent la paix, je ne veux plus voir leurs délires s’étaler à la une des journaux, je ne veux plus que de nouveaux Brasillach se permettent de comparer mes frères et mes sœurs humains à des singes et des guenons.

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25 octobre 2013 5 25 /10 /octobre /2013 16:39

« Nous avons déjà trop attendu. Nous ne pouvons plus attendre. » C’est en ces termes que le parti EELV somme le gouvernement de mettre en place l’écotaxe qui va frapper les transports routiers, dans le but louable de décourager les norias de camions au profit des chemins de fer et autres moyens vertueux d’acheminer les marchandises. Selon le parti écologiste, il faut rester sourd aux plaintes des agriculteurs qui vont prendre de plein fouet cette fameuse écotaxe, puisqu’ils n’ont aucune alternative possible à l’utilisation des transports routiers. Comme ils le font justement remarquer, aucun train ne dessert leurs fermes, aucune péniche ne vient chercher le lait ou le bétail au pied des étables.

Le propos de l’écotaxe serait de décourager une excessive consommation de carbone attachée à chaque bien consommé. Fort bien. Sauf que la taxe sera proportionnelle au nombre de portiques sous lesquels passeront les camions, et non pas aux distances parcourues réellement par les marchandises. Le poulet congelé venant du Brésil par avion sera moins lourdement pénalisé que les poulets de ferme élevés localement. Quelle est la logique écologique de cette mesure ?

Les paysans français sont en train de mourir, et il semble que l’on s’ingénie à inventer le coup de grâce qui mettra fin à leur longue agonie. Il est déjà assez rageant de constater à quel point les rayons des supermarchés sont envahis de fruits et légumes qui poussent à l’autre bout du monde, et de productions animales qui ont parcouru des milliers de kilomètres avant de finir dans nos assiettes. Lorsque l’agriculture et l’élevage français auront disparu, ceux qui font profession d’écologie pourront se réjouir. Les camions et les tracteurs des paysans cesseront de polluer l’air. Mais comme il faudra bien manger, il sera préférable de ne pas songer au carburant brûlé pour acheminer notre nourriture depuis les antipodes.

Une des bases de l’écologie est de produire localement ce que l’on consomme. Tout spécialement la nourriture. Cela vaut pour toute la planète. La mondialisation ne tue pas seulement les paysans français. Elle détruit également l’agriculture vivrière africaine, remplacée par des monocultures (café, coton, cacao) C’est à cette absurdité, voulant que chaque pays fasse ce qu’il sait faire au coût le plus bas (et ensuite on transporte tout, avec de grandes norias de bateaux et d’avions), que les écologistes devraient s’opposer. Ils préfèrent achever les paysans français.

Il y a une douzaine d’années, SF Mag avait demandé à quelques auteurs de SF, Aldiss, Andrevon, Eschbach, Evangelisti, Goonan, Matheson, Priest, Willis et moi-même, ce que chacun avait retenu de l’année écoulée. Avec consigne d’essayer d’éviter de parler de l’attentat du World Trade Center, puisque le risque était grand que tout le monde évoque la même chose. Contrairement à certains de mes petits camarades (que je ne dénoncerai pas), j’avais joué le jeu, en choisissant la mort de René Dumont. Aujourd’hui je me dis que je ne renie pas une seule ligne de ce texte :

« Je me souviens avoir découvert ce drôle de personnage au moment des élections présidentielles de 1974. Dumont était un précurseur et un visionnaire, qui à mon avis avait non pas 25 ans d'avance, mais plutôt un bon demi-siècle, car ce qu'il préconisait depuis la tribune que les présidentielles lui avaient offerte, nous serons contraints de l'appliquer dans l'urgence d'ici deux ou trois décennies, faute de quoi l'espèce humaine pourrait bien disparaître.
Une vingtaine d'années après avoir pris connaissance des idées de Dumont, j'ai assisté avec d'autres hurluberlus à un congrès, où l'on affirmait que la Terre est un être vivant. Ce que René Dumont a apporté au monde occidental, c'est l’idée que la Terre est vivante, qu’elle est notre mère, et que nous lui devons respect et amour. Cette année,  René Dumont est mort, dernier héraut d’une sagesse millénaire, fils aimant et digne d’une Terre martyrisée.
Désormais il n’y a plus aucune voix pour nous faire honte en parlant de notre comportement d’enfants indignes, seulement quelques guignols pathétiques qui font de la politique à la petite semaine. »

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21 octobre 2013 1 21 /10 /octobre /2013 19:32

Emballement médiatique oblige, une jeune fille d’origine kosovare est devenue depuis peu le symbole de tous les immigrés ballotés entre leur pays et le nôtre. D’où interrogations (sur nos lois, nos règlements, et la manière dont on les applique), commentaires, lycéens dans la rue (pour certains, d’une honnêteté confondante devant un micro, à seule fin de sécher les cours), et re-re-re-débat sur le problème de l’immigration. Avec bien entendu l’amusante simplification journalistique voulant qu’il existe deux attitudes face à ce défi :

La sympa, cool, un peu naïve, fleurant bon le parfum de l’herbe qui se dégage d’un joint fraternellement partagé ; de gauche en fait. Qui se résume à : qu’ils viennent tous, on se serrera un peu dans notre ancienne bergerie transformée en maison bleue et on refera du boulgour et des steaks de soja.

La sévère, réaliste, inflexible, celle qui sent l’eau de javel passée sur les sols qui brillent et ne contiennent pas de germes ; de droite, quoi (sachant que dans cette logique-là, Manuel Valls est de droite) Qui se résume à : qu’ils se cassent tous, on ne s’est pas emmerdé à ranger la baraque et à remplir le frigo pour qu’une bande de dépenaillés se vautrent dans le salon en buvant notre bière.

Sauf que, bien entendu, c’est un peu plus compliqué que ça. Un spécialiste de la question, Pierre Henry, président de France Terre d’Asile, a déclaré : « Un débat binaire expulsion-régularisation s’est imposé, or c’est ridicule d’enfermer un sujet aussi complexe sur cette opposition. » C’est ridicule, et pourtant c’est à ce jeu que se livrent la quasi-totalité des politiques.

J’en ai entendu un seul sortir de cette absurde dichotomie, à sa manière tonitruante et souvent agaçante. Il s’agit de Jean-Luc Mélenchon. Dommage qu’il suscite (chez moi en tous cas) d’abord l’envie de lui crier : « Calme-toi, Jean-Luc, arrête de gaspiller ton temps d’antenne à expliquer à celui (ou celle) qui t’a posé une question à quelle point elle est idiote, et révèle une crétinerie abyssale qui devrait lui interdire d’être présent(e) face à toi. D’abord c’est exagéré, ensuite c’est dur d’avoir une conversation dans ces conditions, et puis fais comme les autres : si la question ne te plaît pas, n’y réponds pas et dis ce que tu as à dire ». Oui, dommage, parce qu’une fois évacués les monceaux de mauvaise foi et les tombereaux d’invectives, il reste souvent une pensée, non pas originale dans l’absolu, mais inédite pour un homme politique. On peut ne pas être d’accord (cela m’arrive régulièrement), être franchement en désaccord (aussi), mais lui, au moins, sort du petit jeu habituel. Contrairement à Marine Le Pen avec laquelle certains ont osé des rapprochements (à part un certain style rogue, je ne vois pourtant pas le rapport). Dans le cas évoqué, la présidente du Front National se contente de surjouer l’option deux. Mélenchon, lui, développe une analyse dont la complexité dépasse de loin l’habituelle parole politique. Bref, sur le fond du moins (sur la forme il faudrait des progrès), il ne prend pas les électeurs pour des cons. En ce qui concerne l’immigration, il a développé les points suivants :

Le taux d’émigration d’un pays est inversement proportionnel à sa pauvreté. Les très pauvres émigrent peu. C’est logique, il faut un minimum de sous pour partir. On émigre très peu d’Afrique, plus d’Amérique du Sud, beaucoup plus d’Europe de l’Est. Nous vivons dans la crainte de hordes musulmanes et cherchons un nouveau Charles Martel pour les arrêter, alors qu’il faudrait d’abord penser aux plombiers polonais (catholiques, ceux-là, et pas qu’un peu)

L’émigration est d’abord une catastrophe pour les pays qui voient leurs élites partir, car ce sont les gens les plus combatifs, et ceux qui disposent du plus grand nombre d’atouts, qui émigrent. Les pays qui subissent l’émigration rentrent dans un cercle vicieux : en perdant leurs individus les plus qualifiés, ils s’enfoncent encore plus dans la pauvreté.

Ce ne sont pas les personnes qu’il faut arrêter aux frontières, mais les biens. La libre-circulation des biens a engendré des catastrophes. Elle est la vraie responsable de nombre des maux actuels de nos sociétés.

L’unique solution est de tarir la source de l’émigration, en permettant aux pays pauvres de cesser de s’enfoncer. Aucune barrière n’arrêtera les flux migratoires  si les écarts continuent à se creuser. Parce qu’il n’y a pas sur Terre de peuples prêts à mourir sans rien tenter.

J’ai trouvé une grande pertinence à cette analyse. Mais la réflexion première que m’inspire l’ensemble de la question de l’immigration est un principe général qui peut s’appliquer à toutes sortes de problèmes : si vous identifiez le Mal quelque part, ne croyez pas que le Bien se trouve à l’opposé ; le Bien (ou plutôt le mieux) se situe au point d’équilibre.

Pour ceux qui pensent que l’ouverture des frontières est le Mal, et que le Bien consiste à fermer les portes à double tour, considérez deux points :

Dans toute l’Histoire de l’Humanité, aucune société n’a survécu à ce type de traitement. S’isoler, c’est s’affaiblir. Puis devenir victime de cet extérieur dont on a voulu se protéger, comme un organisme au système immunitaire privé de capacités à force de ne pas être sollicité. Par le passé, la Chine a décrété ce type de « grand isolement », pour préserver sa culture. Le résultat fut qu’elle perdit une avance technologique sur le reste du monde et qu’elle devint la proie d’autres puissances.

Si vous imaginez pouvoir conserver une bonne conscience en continuant à découvrir que des femmes et des enfants se noient en voulant traverser la Méditerranée sur des rafiots pour atteindre notre Eldorado, tout en décrétant que les portes de cet Eldorado doivent leur rester fermées, bon courage à vous.

Pour ceux qui pensent que la fermeture des frontières est le Mal, et que le Bien consiste à ouvrir les portes en grand, et à accueillir fraternellement tous ceux qui passent, considérez plusieurs points :

Les premiers à venir seront des gens hautement qualifiés qui feront défaut à leur patrie d’origine. Les hôpitaux d’Amérique du Nord et d’Europe sont ravis de recevoir des médecins étrangers qui leur permettent de tourner à plus bas coût. Mais dans les pays quittés par ces médecins, les gens ne sont plus soignés.

Les marchandises passent. En Afrique des poulets congelés importés concurrencent les productions des éleveurs locaux (le coût de la main d’œuvre n’y est pourtant pas faramineux !) et les ruinent. La libre circulation enfonce les pays pauvres dans plus de misère. Ce qui augmente l’émigration. Qui accentue la détresse de ces pays.

Tout le monde n’a pas votre largesse d’esprit et votre grandeur d’âme. Il n’est pas nécessaire d’être très malin pour comprendre ce qui peut arriver dans un continent en crise totalement ouvert aux flux migratoires. Laisser des miettes à d’autres est facile lorsqu’on a une belle part de gâteau, plus difficile lorsqu’on n’a soi-même que des miettes.

Je pense que la solution, si elle est bien sûr difficile à mettre en œuvre, se résume en peu de mots : régulation, contrôle, équilibre. Il semble que l’Humanité ne sache vivre qu’à grands coups de balancier. Le dernier en date est en général nommé mondialisation, alors qu’il doit être plutôt qualifié de dérégulation. Dérégulation, l’inverse de ce qu’il faut faire. Pour moi un mot affreux. Certains trouvent peut être cool qu’il n’y ait pas de règles (« Il est interdit d’interdire ») Je veux juste leur rappeler qu’il est scientifiquement prouvé que 70% des humains sont capables de fonctionner sur un mode coopératif en privilégiant le bien commun. 30% adoptent systématiquement une attitude égoïste et sont totalement indifférents aux problèmes de l’ensemble de la société. Moins il existe de règles, qui sont les seules barrières capables de canaliser les égoïstes, plus ces fameux 30% profitent de la situation. C’est « le renard libre dans le poulailler libre » ; le rêve des ultralibéraux en matière de capitalisme. Nous y arrivons ; nous y sommes. Plus de frontières, plus d’obstacles ; pour rien, ni pour personne. La merveilleuse directive Bolkestein, qui autorise le travail des salariés européens aux conditions de son pays d’origine. Les entreprises qui sous-traitent à des entreprises qui sous-traitent à des entreprises qui sous-traitent à des entreprises qui emploient des travailleurs immigrés clandestins, mais que faire puisque personne ne comprend plus qui est employé par qui ? Les éleveurs français qui se pendent parce qu’ils perdent tout (quand ceux qui produisent la nourriture dans un pays « crèvent de faim », c’est que les choses vont mal) à cause d’un effondrement des cours dus à une concurrence internationale insoutenable. Etc, etc…

Si vous pensez que c’est ça l’enfer dont il est question dans le titre, vous vous trompez. Les « bonnes » intentions de la dérégulation généralisée pavent la voie qui nous conduit en enfer, mais l’enfer viendra quand le coup de balancier partira dans l’autre sens. J’y pense depuis longtemps. J’en ai même fait un roman, « Le Niwaâd ». Et j’espère que ça ne se produira pas.

 

 

 

illustration Niwaad

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19 octobre 2013 6 19 /10 /octobre /2013 12:12

Les résultats de l’élection cantonale de Brignoles ont inspiré pléthore de commentaires et d’analyses, bien plus que ce qu’il serait raisonnable d’attendre au sujet d’un scrutin de cette envergure. Mais il s’agit du Front National, et les media aiment en parler, comme ils aiment parler des virus qui pourraient décimer l’Humanité (terrifiante grippe aviaire et ses soixante morts en une année au sein d’une population de plus d’un milliard d’individus), des trains qui déraillent, des paquebots qui coulent et de tout ce qui peut faire peur. Pourtant, si l’on doit éviter de tomber dans une psychose irraisonnée, les questions soulevées par cette élection ne sont pas sans intérêt.

Parmi les discussions sur le « front républicain », les constatations à propos de l’inertie des électeurs de gauche déprimés ou celles concernant la dérive des propos tenus par les leaders de l’UMP, un micro-trottoir a retenu mon attention. Une électrice visiblement déterminée à glisser dans l’urne un bulletin FN déclarait devant la caméra : « On a essayé la droite, ça ne marche pas, on a essayé la gauche, ça ne marche pas non plus ; pourquoi ne pas essayer le Front National ? »

Cette réflexion a déclenché dans mon esprit un processus « madeleine de Proust », et je me suis revu avec nostalgie en étudiant attentif pendant un cours de Biologie. Il y était question de la méthode des essais et des erreurs chez les protozoaires. Une amibe qui rencontre un obstacle (« ça ne marche pas ») se déplace et tente de passer plus loin (« pourquoi ne pas essayer autre chose ? ») Ainsi ce type de comportement est incontestablement le plus primitif qui puisse exister chez les êtres vivants. Quelques milliards d’années d’évolution auraient dû conduire l’espèce humaine à un autre niveau dans la manière d’effectuer ses choix. Notons tout de même que l’empirisme, qui précède l’ère scientifique, est une attitude humaine et relève du même principe que celui adopté par l’amibe. « Ce champignon brunâtre n’est pas très bon ; je vais en goûter un autre. Le marron tout fripé n’est pas terrible non plus. Essayons plutôt le joli blanc à pois rouges ». C’est sur de telles bases que s’est construit la connaissance humaine, et que la connaissance transmise oralement, puis par l’écrit, a permis la naissance des civilisations et le développement de la Science. Nous en sommes arrivés au point où des bases de données sous diverses formes permettent de savoir que le joli champignon à pois rouges est une amanite mortelle, et qu’en principe il n’est plus nécessaire d’envoyer un goûteur au casse-pipe pour s’en rendre compte.

En matière de choix politiques, il existe également une base de données qui s’appelle l’Histoire, consultable par qui veut bien s’en donner la peine, et qui peut inciter l’électeur moyen à continuer de bouffer des champignons bruns, même s’ils ne flattent pas son goût, plutôt que de préparer une fricassée d’amanites. D’ailleurs, si le FN se hérisse tant contre l’appellation « extrême-droite », c’est moins à cause d’un caractère prétendument insultant de cette étiquette, que par crainte d’être renvoyé à une référence précise du grand livre de cuisine de l’Histoire. Convaincre tout le monde qu’on est une espèce de champignon absolument nouvelle est préférable que d’être catalogué comme le plat qui a refilé de mémorables indigestions à l’Humanité tout entière.

C’est un moyen d’inciter à l’empirisme, à la stratégie de l’amibe, et à emprunter une voie soi-disant inédite, alors qu’il s’agit d’un sentier maintes fois parcouru.

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6 octobre 2013 7 06 /10 /octobre /2013 15:16

arpenteur de mondes JC Chaumette Lokomodo David Lecossu

 

 A lire sur le blog de Jess Kaan, une nouvelle critique de l'Arpenteur de Mondes agrémentée d'une assez longue interview sur mon expérience d'écrivain et sur mes projets.

 

Critique et interview sur le blog de Jess Kaan

 

L'arpenteur de MONDES / rapide chronique. Des suicides au coeur de sectes satanistes, un massacre dans une ferme et Vigdis Gehrke se retrouve persuadée que la bête de l'apocalypse est arrivée sur Terre. Ce qu'elle ignore, c'est qu'elle a choisi de revêtir une forme peu ordinaire. Sue un thème classique, Jean Christophe Chaumette bâtit une intrigue formidable, mêlant jeux vidéos en ligne, pouvoir de l'argent, croyances, mythes. On est happés dans la lecture et on ne repose le bouquin qu'avec grand peine. En effet, le roman devient très vite addictif et on suit les différents protagonistes à travers le monde. L'équipe hétéroclite qui affrontera l'arpenteur de mondes, une partie négative de Dieu est détonnante. Couronné par le Prix Masterton en 2001, L'arpenteur de Mondes mériterait d'être adapté par un cinéma fantastique trop souvent moribond. C'est un excellent roman. Et JC Chaumette confirme son talent.

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7 juillet 2013 7 07 /07 /juillet /2013 11:14

 

arpenteur de mondes JC Chaumette Lokomodo David Lecossu

A l'occasion de la publication de l'excellente critique de Fantasio Ardennes, un petit panorama des critiques à lire sur la toile au sujet de l'Arpenteur de mondes.

 

Fantasio

 

Lire ou Mourir

 

Psychovision

 

ActuSF

 

Certaines ont été écrites après lecture de la première édition en 2000 chez Pocket Terreur.

 

Soleil Vert

 

Frédéric Gobillot

 

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26 mai 2013 7 26 /05 /mai /2013 09:09

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LIBERTE : Possibilité d’agir, de penser, de s’exprimer selon ses propres choix ; notamment d’aimer un autre être humain quel que soit son sexe, de penser que cela n’est en rien moralement répréhensible malgré les anathèmes des religieux de toutes sortes, et de le dire sans risquer de se faire molester par des abrutis au crâne rasé.

EGALITE : Rapport entre individus, citoyens égaux en droits et soumis aux mêmes obligations ; par exemple le droit pour deux personnes qui s’aiment de se marier même si elles ne sont pas de sexes opposés, et l’obligation pour toutes les autres, même celles qui s’imaginent que Dieu en est offensé, de respecter ce choix.

FRATERNITE : Lien de solidarité et d’amitié entre des êtres humains, entre les membres d’une société ; inclut la solidarité envers les homosexuels de tous les hétérosexuels qui ressentent pour eux davantage d’amitié que pour d’autres hétérosexuels, homophobes vociférant dans les rues pour y déverser leur haine, leur frustration et leur intolérance.

Telle est la devise de la République française

(Et telles sont les définitions du Petit Larousse)

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